M&A à Londres : les effets du Brexit

M&A à Londres : les effets du Brexit

Londres, hub historique des M&A en Europe

Londres a longtemps été le centre névralgique des transactions financières et des fusions-acquisitions en Europe grâce à:

·       un cadre juridique stable (common law)

·       une grande profondeur des services financiers

·       une fiscalité relativement attractive

·       une position de passerelle entre les marchés nord-américains et européens

2016-2021 les effets immédiats du Brexit

·       Incertitude réglementaire : Les entreprises ont suspendu ou retardé des deals transfrontaliers à cause du flou juridique (perte du passeport financier, alignement réglementaire).

·       Baisse du volume de M&A : Entre 2016 et 2019, on observe une diminution des transactions inbound (vers le Royaume-Uni), en particulier en provenance d’entreprises européennes.

·       Repositionnement géographique : Plusieurs grandes institutions financières ont déplacé leur siège européen de Londres vers Paris, Francfort ou Dublin pour garder un accès direct au marché unique.

Après 2021 : effets structurels

·       Hausse du coût des deals transfrontaliers : Du fait des barrières douanières et réglementaires, les fusions entre sociétés britanniques et européennes sont plus complexes.

·       Renationalisation des stratégies M&A : On constate un regain des opérations domestiques au Royaume-Uni, et une moindre part des opérations intra-européennes.

·       Rôle croissant des fonds nord-américains : Londres reste une plateforme attractive pour les fonds américains cherchant à faire des acquisitions au Royaume-Uni (surtout grâce à la faiblesse de la livre après le Brexit).

Le marché londonien s’adapte rapidement

·       Alignement sur le droit anglo-saxon : Londres capitalise davantage sur sa proximité avec les États-Unis, l’Asie et les marchés émergents.

·       Innovation réglementaire : La Financial Conduct Authority (FCA) a engagé des réformes pour rendre les IPO et les M&A plus attractifs, dans une logique de différenciation vis-à-vis de l’UE.

Le Brexit a certes complexifié les M&A transfrontaliers entre Londres et l’Union européenne, mais Londres reste une place stratégique

Le marché britannique des fusions-acquisitions a donc évolué vers un modèle moins européen, plus globalisé, avec une attention accrue à la souveraineté réglementaire.

Déclin des introductions en bourse (IPO) à Londres

Plusieurs entreprises ont choisi de déplacer leur cotation principale hors de Londres, préférant des marchés offrant une meilleure liquidité et des valorisations plus attractives.

·       Wise : La fintech britannique a annoncé son intention de transférer sa cotation principale à New York, tout en maintenant une cotation secondaire à Londres. Cette décision vise à améliorer la liquidité de ses actions et à attirer davantage d'investisseurs américains.

·       Cobalt Holdings : Cette société spécialisée dans les métaux a annulé son projet d'IPO à Londres, estimé à 230 millions de dollars, en raison d'une demande insuffisante de la part des investisseurs.

Ces mouvements reflètent une tendance plus large d'entreprises recherchant des marchés boursiers plus dynamiques, notamment aux États-Unis.

Reprise des méga-transactions en 2024-2025

Malgré les défis, le marché britannique des M&A a connu une reprise notable, avec une augmentation significative de la valeur des transactions.

·       International Paper & DS Smith : Le groupe américain a acquis le fabricant britannique d'emballages pour 7,2 milliards de dollars, surpassant l'offre de Mondi.

·       Nationwide & Virgin Money UK : La société de crédit immobilier a racheté Virgin Money pour 2,9 milliards de livres sterling, consolidant ainsi sa position sur le marché bancaire britannique.

·       Carlsberg & Britvic : Le brasseur danois a acquis le fabricant britannique de boissons pour 4,1 milliards de dollars, renforçant sa présence sur le marché des boissons non alcoolisées.

Ces transactions illustrent la confiance renouvelée des investisseurs dans le marché britannique, malgré les incertitudes liées au Brexit.

Évolution des flux d'investissements

Le Brexit a modifié la dynamique des investissements étrangers au Royaume-Uni.

·       Investissements entrants : En 2024, les investissements étrangers dans les entreprises britanniques ont augmenté de 21 %, avec une prédominance des investisseurs américains, qui ont représenté près de 50 % de la valeur totale des transactions.

·       Investissements sortants : À l'inverse, les acquisitions britanniques à l'étranger ont diminué, atteignant leur niveau le plus bas depuis 2013, en raison des incertitudes économiques et des fluctuations monétaires.

Cette réorientation des flux d'investissements souligne une tendance à la consolidation domestique et à la prudence dans les expansions internationales.

Réformes réglementaires et perspectives

Le Royaume-Uni a entrepris des réformes pour renforcer l'attractivité de son marché financier post-Brexit.

·       Réformes de la FCA : La Financial Conduct Authority a introduit des modifications pour faciliter les introductions en bourse et attirer davantage d'entreprises sur le marché londonien.

·       Concurrence accrue : Malgré ces efforts, Londres fait face à une concurrence croissante de la part d'autres places financières, notamment New York, Amsterdam et Hong Kong.

Le Brexit a entraîné des ajustements significatifs sur le marché des fusions-acquisitions à Londres.

Si certaines entreprises ont choisi de se tourner vers d'autres marchés, le Royaume-Uni continue d'attirer des investissements substantiels, en particulier dans les secteurs de la finance, de la technologie et de la consommation.

Les réformes en cours et la résilience du marché britannique laissent présager une adaptation continue aux nouvelles réalités économiques mondiales.

sources: Reuters.com, Financial time, Bcg, Chambers, Cijeurope

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